Vé Boisvert

EstherGarneau

 

 

 

Une artiste autodidacte qui éclaboussait des canevas de couleurs et d'émotions.

Il était une fois une artiste autodidacte qui éclaboussait des canevas de couleurs et d'émotions. Elle aimait que les gens lisent les titres de ses œuvres en observant ses peintures afin de comprendre ce qu'elle voulait exprimer. Celui qui regarde l’œuvre l’interprétera selon son ressenti et fera sa propre conclusion. N'est-ce pas la beauté de l'art? Ma vision est de rendre l'art accessible en accueillant autant le collectionneur novice qu'expérimenté.

Mes œuvres sont généralement créées en une séance. Je peux travailler plusieurs heures d'affilée et avoir le sentiment qu'une seule heure s'est écoulée. Je ne ressens plus la douleur, ni la faim, ni la soif... je suis en complète symbiose avec l'œuvre. Je peux lui transmettre sans pudeur mes émotions les plus intimes et elle gardera le secret. L'abstraction lyrique consiste à traduire l'expression directe de l'émotion et à exprimer une vérité enfouie en soi.  Je me donne le droit de changer de direction selon mon besoin émotionnel, d’explorer une collection sur une longue ou courte période. J'ai choisi l'acrylique comme médium de prédilection carj'aime la richesse de sa gamme de couleurs et sa polyvalence qui en font le médium parfait pour moi. J'aime créer rapidement. Je travaille la peinture autant de façon minutieuse que par gestes spontanés, combinant pinceau et spatule. J'intègre régulièrement des couleurs iridescentes et métalliques, pour illuminer l'œuvre, et je la complète avec des touches d'encres à l'alcool et de feuilles d’or. 

Échanger et travailler avec d'autres artistes m'aide à m'ouvrir sur le monde qui m'entoure. Tout au long de mon parcours, plusieurs figures importantes m'ont aidée à m'affirmer dans mon style et mon statut d’artiste, tels que Jackson Pollock et Riopelle. J'ai trouvé des réponses révélatrices à mes questionnements en lisant leur histoire: problème d’alcool, artistes autodidactes, besoin de création qui l'emporte sur les moyens. Les artistes du Refus Global, composés à parts égales d'hommes et de femmes, qui contestent les mêmes points que je défends moi-même depuis mon enfance. Je constate que leurs préoccupations sont aussi les miennes et sont toujours d’actualité. Yayoi Kusama, m'inspire quant à elle dans ma légitimité en tant que femme artiste. Elle m’a aidée à comprendre le lien entre mon émotion vécue et l’orientation générale de mon travail.

C’est le travail de Fernand Leduc qui m’a amenée, dans mes collections les plus récentes, à m’intéresser à la théorie de la couleur, plus particulièrement ses significations changeantes selon les teintes, les sociétés et les époques. Mon vécu aux mille et une émotions m’avait jusqu’alors poussée à créer des œuvres souvent chaotiques composées d’une multitude de couleurs et de textures. Mon esprit, désormais plus calme, me guide maintenant vers des collections où j’explore une émotion à la fois pour les décortiquer et m'en libérer. En observant Dame nature et l’alternance des saisons, j'ai compris que, comme elle, je devais m'adapter aux multiples changements et faire preuve de résilience. Ressentir le bonheur me permet de créer des œuvres à en faire rêver! L'art est une thérapie pour ceux qui créent et pour ceux qui observent!